abourick
2006-09-10 16:42:43 UTC
En lisant un très long et très intéressant post (publié par Gronoff sur fsp
et chez les comploteurs) reprenant un article sur l'influence de la
théosophie en Russie tsariste je me suis souvenu de ce court texte que
Claude Tresmontant consacra dans 'Problèmes de notre temps' à l'influence de
la théosophie sur la pensée dualiste de Adolf Hitler. Grâce au remarquable
travail d'édition de JésusMarie.com je suis heureux de vous le faire
connaître.
Les origines théosophiques du nazisme [1]
On appelle théosophie une prétendue connaissance, une science ésotérique et
transmise par voie initiatique, qui se targue de nous faire connaître des
secrets cachés aux sciences expérimentales, des secrets et des mystères
portant sur la vie de Dieu, sur l'origine du monde et le problème du mal.
Nous avons eu, il y a peu d'années, l'occasion de proposer une série de
chroniques consacrées à la Gnose et aux systèmes gnostiques (p. 116). Gnose
veut dire tout simplement : connaissance. Mais il s'agit dans la pensée des
initiés d'une connaissance particulière, transcendante, qui échappe au
commun des mortels, et en particulier aux savants qui pratiquent la science
expérimentale.
Le professeur Wilfried Daim a publié, il y a une vingtaine d'années déjà, un
ouvrage qui, malheureusement, à ma connaissance du moins, n'a pas été
traduit en langue française : L'homme qui a donné ses idées à Hitler {Der
Mann, der Hitler die Ideen Gab, Isar Verlag, Munich).
Adolf Lanz est né à Vienne, en Autriche, en 1874. Il a plus tard modifié son
nom et s'est fait appeler : Georges Lanz von Liebenfels. Il a aussi modifié,
sur ses papiers, sa date de naissance. C'est ce que l'un de ses historiens
appelle "son pseudonyme astrologique" !
A l'âge de dix-neuf ans, il entre au monastère cistercien de Heiligenkreuz
en Autriche, le 31 juillet 1893. Déjà jeune moine, il commence à rêver d'un
nouvel ordre des Templiers. L'ancien ordre des Templiers avait été fondé en
1119. En 1312, lors de l'ouverture de la deuxième session du Concile de
Vienne (en France), le pape Clément V décide l'extinction de l'Ordre des
Templiers. Certains historiens prétendent que l'hérésie cathare avait
pénétré dans l'Ordre.
Lanz estimait pour sa part que le but et la raison d'être de l'Ordre des
Templiers, comme de la véritable Église catholique, c'était de sauver la
pureté de la race des blonds aux yeux bleus, de la restaurer en luttant
contre le mélange des races, mélange qui, à ses yeux, était l'abomination,
le véritable péché originel. Il distingue dans l'humanité deux ensembles ou
deux espèces : les Blonds, les Héros, la race des Seigneurs et les
Tschandalas, ou Hommes-Singes, représentés par les races sombres, et en
particulier les Judéens.
Le terme de Tschandala est emprunté au vieux système des castes que l'on
trouve dans l'Inde ancienne. Ce sont en réalité les hors castes, ceux qui ne
font pas partie de l'humanité noble, les aryens. On trouve le terme de
Tschandala à plusieurs reprises dans les oeuvres de Friedrich Nietzsche, par
exemple Gôtzendàmmerung (ouvres complètes, éd. Karl Schleta, II, p. 982) :
Nietzsche vient d'évoquer "l'humanité aryenne toute pure, toute originelle".
Il vient de parler du concept de "sang pur". Et il ajoute : "Il est clair
dans quel peuple s'est perpétuée la haine, la haine des Tschandalas contre
cette humanité (celle des aryens) ; dans quel peuple cette haine est devenue
Religion, Génie... Le christianisme, issu de racines juives et
compréhensible seulement à partir de ce terrain (juif), constitue la
réaction à rencontre de toute morale de la culture, de la Race, du Privilège
: il est la religion anti-aryenne par excellence ; le christianisme, c'est
le renversement de toutes les valeurs aryennes, la victoire des valeurs des
Tschandalas, l'évangile prêché aux pauvres, la révolte générale de tout ce
qui est foulé aux pieds, des miséreux, des ratés, des malvenus contre la
Race - la vengeance immortelle des Tschandalas...".
Il existe donc vraisemblablement une source commune à Nietzsche et à Lanz.
Selon Lanz, ceux qui appartiennent à la Race pure et donc aryenne doivent
entrer en lutte contre les Tschandalas. C'était, selon Lanz, le but de
l'Ordre des Templiers aboli par l'Église
Lanz eut au monastère un Maître des Novices dont les historiens nous disent
qu'il était un antisémite notoire.
En 1899, Lanz quitte le monastère des Cisterciens. Il se fait désormais
appeler Georges : saint Georges, d'après la légende, avait écrasé le dragon.
Pour Lanz, le dragon à écraser, ce sont les races inférieures.
Lanz était persuadé qu'aux origines, le christianisme était une religion qui
avait pour but de sauver la pureté de la race. Mais, sous l'influence des
Jésuites "enjuivés" (c'est Lanz qui parle : le second général des Jésuites
était juif), l'Église catholique s'est pervertie. Les Tschandalas sont
entrés en masse dans l'Église et elle s'est, elle aussi, "enjuivée".
Le christianisme originel, toujours selon Lanz, était le culte de la race.
C'est la raison pour laquelle Lanz quitte le monastère, se sépare de Rome
afin de ne pas devenir jésuite ! En 1903, il publie un livre : Catholicisme
contre Jésuitisme. Lanz prétend que la Bible est le grand livre de
l'humanité des Seigneurs, un livre qui enseigne la lutte des Hommes contre
les Hommes-Singes. Il fonde un Institut ariosophique pour la défense et le
salut de la race pure. Je suppose que le terme ariosophique signifie :
sagesse ou connaissance secrète concernant les aryens.
Aussitôt après sa sortie du monastère, Lanz cherche à fonder un nouvel Ordre
des Templiers. En 1907, il expose le but et le programme du nouvel Ordre des
Templiers, en abréviation ONT, der Orden des Neuen Tempels. Il change le nom
de Jésus, qu'il appelle Frauja, mot qu'il a trouvé dans la traduction
d'Ulfila. Ainsi Jésus devient un héros aryen. En 1907 aussi, il acquiert un
vieux château, Werfenstein, et il fonde une revue, appelée Ostara. Le
château de Werfenstein, se trouve en Haute Autriche, près du Danube.
Dans la nouvelle communauté, seuls ont droit d'entrer les blonds aux yeux
clairs, et ils s'engagent à n'engendrer des enfants qu'avec ceux de la même
race. Pour Lanz, Jésus est un aryen blond aux yeux bleus. Il enseignait la
pureté de la race. Lanz l'écrit : Jésus n'est pas juif, il est le nom propre
du héros aryen. Les affiliés à l'Ordre du Nouveau Temple avaient leurs
habits rituels, Lanz compose pour les frères de l'ordre un bréviaire. Tous
les sacrements de l'Église sont transposés, repris et modifiés pour
signifier la purification de la race.
* *
La revue Ostara connaît un grand succès. Parmi les plus fervents, l'écrivain
Strindberg. Dès 1907, lors d'un office de son nouvel Ordre, celui qui se
faisait dès lors appeler Maître Lanz, fait lever sur la tour de son château
de Werfenstein un drapeau marqué de la croix gammée. Les brochures seront
elles aussi ornées de la même croix gammée, ou svastika, terme d'origine
sanscrite. Les érudits discutent de sa signification exacte. Quoi qu'il en
soit, Lanz pour sa part comprenait la croix gammée comme un signe mystique
qui signifie la chute de l'Esprit dans la matière et la remontée de l'Esprit
hors de la matière, thème gnostique par excellence.
Pour Lanz, le christianisme à l'état pur, originel, est identique à ce que
Lanz appelait l'ariosophie, la science ou doctrine secrète de la
purification de la seule race véritablement humaine. En 1904, Lanz avait
publié un ouvrage appelé Theozoologie. Strindberg l'a trouvé admirable. Lanz
y expose sa doctrine secrète. Le véritable péché originel, pour Lanz, c'est
le mariage entre la femme qui appartenait à la véritable espèce humaine, et
la bête, l'animal, l'homme-singe. C'est ce que Lanz appelle la sodomie. A
cause de ce péché originel, nous sommes tous infectés, puisque dans notre
sang nous portons ce mélange entre l'authentique Humanité originelle et
l'infection issue de l'union avec les hommes-singes. Lanz se réjouira plus
tard de constater qu'enfin une Internationale se constitue qui rassemble
tous les hommes de la race pure : le fascisme en Italie et en Espagne, le
Ku-Klux-Klan en Amérique du Nord et le National Socialisme en Allemagne.
Dans le système de Lanz, il faut donc distinguer trois temps ou trois
moments : le temps originel, celui de la pureté des races non mélangées.
Puis la chute originelle, à savoir ce que Lanz appelle la sodomie, le
mélange physique entre les races, la chute de la race des héros aryens et le
mélange avec les races animales : c'est le deuxième temps. Enfin la
séparation, grâce à l'Église fondée par Lanz, le retour à la pureté
initiale. Lanz écrit : "La Race c'est Dieu, Dieu est la Race purifiée". Lanz
aperçoit l'analogie entre sa doctrine et le vieux mythe de Zeus qui foudroie
les Titans. C'est le mythe de Zagreus, qu'Erwin Rohde, l'ami de Nietzsche, a
si bien exposé dans son grand livre, Psyché. Zagreus avait été mis en pièces
par les Titans. Zagreus était un dieu. Les Titans représentent le principe
du mal, Zeus anéantit par sa foudre les Titans qui avaient dévoré les
membres du dieu. C'est de leurs cendres qu'est issue l'espèce humaine, dans
laquelle se trouve donc une double origine, la part divine issue de Zagreus,
et la part mauvaise issue des Titans.
Selon Lanz, la race blonde, héroïque, est l'ouvre des dieux. Les races
sombres sont l'ouvre des démons. Le Paradis, c'est l'époque originelle, le
temps où les hommes blonds aux yeux bleus peuplaient la Terre. Ils étaient
doués de facultés merveilleuses. Les héros étaient issus de la substance
divine. Le péché originel, nous l'avons vu, c'est le mélange entre la race
des héros aryens et les bêtes. Les races inférieures, les Tschandalas, sont
issues de ce mélange.
Ces races inférieures, mêlées, sont d'autant plus dangereuses qu'elles
portent en elles quelque chose de la pure race originelle. Tout ce qui est
haïssable et mauvais, écrit Lanz, provient du mélange des races. Les races
foncées sont les ennemies de Dieu. La maladie, la décadence, tout cela
procède du mélange des races. La race blonde, c'est Dieu. Selon Lanz,
l'ariosophie est la plus ancienne religion, la religion originelle. Toutes
les autres religions en procèdent. L'incarnation de Dieu signifie le mélange
de la race originelle dans les races inférieures, les races de Singes. La
Passion, la mort du Christ symbolisent cette chute. Mais sa résurrection
signifie la purification de la race humaine, la libération de la race
originelle exilée, aliénée.
Lorsque nous avons exposé, dans nos chroniques consacrées à la Gnose et aux
systèmes gnostiques, le système manichéen, nous avons rappelé que, dans ce
système, il faut distinguer deux Principes et trois Moments. Les deux
Principes, éternels, incréés l'un et l'autre, sont le Principe bon, le
Principe lumineux, spirituel, - et le Principe mauvais, la Matière. Dans un
premier temps, les deux Principes sont séparés, les deux royaumes, celui de
la Lumière et celui des Ténèbres, sont contigus, mais séparés. Le deuxième
temps est celui du mélange. Les Archontes du Royaume des Ténèbres pénètrent
dans le Royaume de Lumière. Le Prince du Royaume de Lumière émet de sa
substance un être qui est dévoré par les Archontes des Ténèbres (cf.
l'histoire de Zagreus et des Titans). L'humanité est faite à partir de ce
mélange. Le monde physique, la matière, les corps, la sexualité, tout cela
est l'ouvre du Principe mauvais. Mais nous, les hommes, nous sommes des
parcelles de la Substance divine, lumineuse, exilées, aliénées dans la
Matière mauvaise. Le troisième temps est celui de la séparation. Il faut
libérer les parcelles de la Substance divine prisonnières dans la matière
mauvaise et les faire retourner à leur origine.
On aperçoit les analogies entre le mythe manichéen et le mythe raciste
élaboré par Lanz. Dans les deux cas, au départ nous avons un état de
séparation entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Puis, par suite d'une
catastrophe, un mélange entre la substance divine et la matière mauvaise.
Lanz a transposé le mythe manichéen dans une mythologie raciale. Le mal, à
ses yeux, nous l'avons vu, c'est le mélange des races, le mélange de la race
bonne, originelle, divine, pure, et des races inférieures, bestiales.
L'eschatologie, c'est-à-dire la théorie portant sur la finalité ultime de
l'histoire, dans les deux cas est la même : la séparation, la pureté
retrouvée.
Pour réaliser cette ouvre de purification, Lanz a prévu un certain nombre de
mesures, en faveur de la race pure, et à rencontre des races sombres ou
inférieures. Rétablissement de la religion originelle, à savoir le culte de
la race ; privilèges et droits particuliers pour les Blonds ; organisation
de colonies, de réserves de Blonds ; polygamie légitime pour les Blonds qui
doivent engendrer, avec des femmes blondes bien entendu, le plus d'enfants
qu'ils pourront ; organisation nouvelle de l'école. "Notre religion, écrit
Lanz, doit être une religion des Héros, une religion de la race".
A rencontre des races sombres et supposées inférieures, Lanz prévoit des
mesures qui sont la castration, la stérilisation, la réduction à
l'esclavage, le travail forcé, la déportation et finalement la liquidation
directe.
Le jeune Adolf Hitler a rendu visite à Lanz en 1909. C'est Lanz lui-même qui
a raconté l'entrevue à l'auteur de l'ouvrage dont nous parlons, le
professeur Daim, lors de sa rencontre avec Lanz, en mai 1951. Hitler
achetait régulièrement la revue Ostara. Il lui manquait quelques numéros. Il
venait demander à Lanz de lui donner les exemplaires qui lui manquaient.
Hitler écrit dans Mein Kampf : "Lorsque je combats les Juifs, je combats
pour l'ouvre du Seigneur."
Lorsqu'il a découvert pour la première fois la pensée de Lanz, en lisant la
revue Ostara, Hitler était âgé d'environ 19 ans. Plus tard, en 1938, Hitler
a interdit à Lanz de continuer ses publications, Lanz est mort à Vienne en
1954. L'Ordre du Nouveau Temple existe toujours.
--------------------------------------------------------------------------------
[1] La Voix du Nord, 22 et 23 mars 1981.
fu2 fsr pour faire plaisir à Goret Neuneu
et chez les comploteurs) reprenant un article sur l'influence de la
théosophie en Russie tsariste je me suis souvenu de ce court texte que
Claude Tresmontant consacra dans 'Problèmes de notre temps' à l'influence de
la théosophie sur la pensée dualiste de Adolf Hitler. Grâce au remarquable
travail d'édition de JésusMarie.com je suis heureux de vous le faire
connaître.
Les origines théosophiques du nazisme [1]
On appelle théosophie une prétendue connaissance, une science ésotérique et
transmise par voie initiatique, qui se targue de nous faire connaître des
secrets cachés aux sciences expérimentales, des secrets et des mystères
portant sur la vie de Dieu, sur l'origine du monde et le problème du mal.
Nous avons eu, il y a peu d'années, l'occasion de proposer une série de
chroniques consacrées à la Gnose et aux systèmes gnostiques (p. 116). Gnose
veut dire tout simplement : connaissance. Mais il s'agit dans la pensée des
initiés d'une connaissance particulière, transcendante, qui échappe au
commun des mortels, et en particulier aux savants qui pratiquent la science
expérimentale.
Le professeur Wilfried Daim a publié, il y a une vingtaine d'années déjà, un
ouvrage qui, malheureusement, à ma connaissance du moins, n'a pas été
traduit en langue française : L'homme qui a donné ses idées à Hitler {Der
Mann, der Hitler die Ideen Gab, Isar Verlag, Munich).
Adolf Lanz est né à Vienne, en Autriche, en 1874. Il a plus tard modifié son
nom et s'est fait appeler : Georges Lanz von Liebenfels. Il a aussi modifié,
sur ses papiers, sa date de naissance. C'est ce que l'un de ses historiens
appelle "son pseudonyme astrologique" !
A l'âge de dix-neuf ans, il entre au monastère cistercien de Heiligenkreuz
en Autriche, le 31 juillet 1893. Déjà jeune moine, il commence à rêver d'un
nouvel ordre des Templiers. L'ancien ordre des Templiers avait été fondé en
1119. En 1312, lors de l'ouverture de la deuxième session du Concile de
Vienne (en France), le pape Clément V décide l'extinction de l'Ordre des
Templiers. Certains historiens prétendent que l'hérésie cathare avait
pénétré dans l'Ordre.
Lanz estimait pour sa part que le but et la raison d'être de l'Ordre des
Templiers, comme de la véritable Église catholique, c'était de sauver la
pureté de la race des blonds aux yeux bleus, de la restaurer en luttant
contre le mélange des races, mélange qui, à ses yeux, était l'abomination,
le véritable péché originel. Il distingue dans l'humanité deux ensembles ou
deux espèces : les Blonds, les Héros, la race des Seigneurs et les
Tschandalas, ou Hommes-Singes, représentés par les races sombres, et en
particulier les Judéens.
Le terme de Tschandala est emprunté au vieux système des castes que l'on
trouve dans l'Inde ancienne. Ce sont en réalité les hors castes, ceux qui ne
font pas partie de l'humanité noble, les aryens. On trouve le terme de
Tschandala à plusieurs reprises dans les oeuvres de Friedrich Nietzsche, par
exemple Gôtzendàmmerung (ouvres complètes, éd. Karl Schleta, II, p. 982) :
Nietzsche vient d'évoquer "l'humanité aryenne toute pure, toute originelle".
Il vient de parler du concept de "sang pur". Et il ajoute : "Il est clair
dans quel peuple s'est perpétuée la haine, la haine des Tschandalas contre
cette humanité (celle des aryens) ; dans quel peuple cette haine est devenue
Religion, Génie... Le christianisme, issu de racines juives et
compréhensible seulement à partir de ce terrain (juif), constitue la
réaction à rencontre de toute morale de la culture, de la Race, du Privilège
: il est la religion anti-aryenne par excellence ; le christianisme, c'est
le renversement de toutes les valeurs aryennes, la victoire des valeurs des
Tschandalas, l'évangile prêché aux pauvres, la révolte générale de tout ce
qui est foulé aux pieds, des miséreux, des ratés, des malvenus contre la
Race - la vengeance immortelle des Tschandalas...".
Il existe donc vraisemblablement une source commune à Nietzsche et à Lanz.
Selon Lanz, ceux qui appartiennent à la Race pure et donc aryenne doivent
entrer en lutte contre les Tschandalas. C'était, selon Lanz, le but de
l'Ordre des Templiers aboli par l'Église
Lanz eut au monastère un Maître des Novices dont les historiens nous disent
qu'il était un antisémite notoire.
En 1899, Lanz quitte le monastère des Cisterciens. Il se fait désormais
appeler Georges : saint Georges, d'après la légende, avait écrasé le dragon.
Pour Lanz, le dragon à écraser, ce sont les races inférieures.
Lanz était persuadé qu'aux origines, le christianisme était une religion qui
avait pour but de sauver la pureté de la race. Mais, sous l'influence des
Jésuites "enjuivés" (c'est Lanz qui parle : le second général des Jésuites
était juif), l'Église catholique s'est pervertie. Les Tschandalas sont
entrés en masse dans l'Église et elle s'est, elle aussi, "enjuivée".
Le christianisme originel, toujours selon Lanz, était le culte de la race.
C'est la raison pour laquelle Lanz quitte le monastère, se sépare de Rome
afin de ne pas devenir jésuite ! En 1903, il publie un livre : Catholicisme
contre Jésuitisme. Lanz prétend que la Bible est le grand livre de
l'humanité des Seigneurs, un livre qui enseigne la lutte des Hommes contre
les Hommes-Singes. Il fonde un Institut ariosophique pour la défense et le
salut de la race pure. Je suppose que le terme ariosophique signifie :
sagesse ou connaissance secrète concernant les aryens.
Aussitôt après sa sortie du monastère, Lanz cherche à fonder un nouvel Ordre
des Templiers. En 1907, il expose le but et le programme du nouvel Ordre des
Templiers, en abréviation ONT, der Orden des Neuen Tempels. Il change le nom
de Jésus, qu'il appelle Frauja, mot qu'il a trouvé dans la traduction
d'Ulfila. Ainsi Jésus devient un héros aryen. En 1907 aussi, il acquiert un
vieux château, Werfenstein, et il fonde une revue, appelée Ostara. Le
château de Werfenstein, se trouve en Haute Autriche, près du Danube.
Dans la nouvelle communauté, seuls ont droit d'entrer les blonds aux yeux
clairs, et ils s'engagent à n'engendrer des enfants qu'avec ceux de la même
race. Pour Lanz, Jésus est un aryen blond aux yeux bleus. Il enseignait la
pureté de la race. Lanz l'écrit : Jésus n'est pas juif, il est le nom propre
du héros aryen. Les affiliés à l'Ordre du Nouveau Temple avaient leurs
habits rituels, Lanz compose pour les frères de l'ordre un bréviaire. Tous
les sacrements de l'Église sont transposés, repris et modifiés pour
signifier la purification de la race.
* *
La revue Ostara connaît un grand succès. Parmi les plus fervents, l'écrivain
Strindberg. Dès 1907, lors d'un office de son nouvel Ordre, celui qui se
faisait dès lors appeler Maître Lanz, fait lever sur la tour de son château
de Werfenstein un drapeau marqué de la croix gammée. Les brochures seront
elles aussi ornées de la même croix gammée, ou svastika, terme d'origine
sanscrite. Les érudits discutent de sa signification exacte. Quoi qu'il en
soit, Lanz pour sa part comprenait la croix gammée comme un signe mystique
qui signifie la chute de l'Esprit dans la matière et la remontée de l'Esprit
hors de la matière, thème gnostique par excellence.
Pour Lanz, le christianisme à l'état pur, originel, est identique à ce que
Lanz appelait l'ariosophie, la science ou doctrine secrète de la
purification de la seule race véritablement humaine. En 1904, Lanz avait
publié un ouvrage appelé Theozoologie. Strindberg l'a trouvé admirable. Lanz
y expose sa doctrine secrète. Le véritable péché originel, pour Lanz, c'est
le mariage entre la femme qui appartenait à la véritable espèce humaine, et
la bête, l'animal, l'homme-singe. C'est ce que Lanz appelle la sodomie. A
cause de ce péché originel, nous sommes tous infectés, puisque dans notre
sang nous portons ce mélange entre l'authentique Humanité originelle et
l'infection issue de l'union avec les hommes-singes. Lanz se réjouira plus
tard de constater qu'enfin une Internationale se constitue qui rassemble
tous les hommes de la race pure : le fascisme en Italie et en Espagne, le
Ku-Klux-Klan en Amérique du Nord et le National Socialisme en Allemagne.
Dans le système de Lanz, il faut donc distinguer trois temps ou trois
moments : le temps originel, celui de la pureté des races non mélangées.
Puis la chute originelle, à savoir ce que Lanz appelle la sodomie, le
mélange physique entre les races, la chute de la race des héros aryens et le
mélange avec les races animales : c'est le deuxième temps. Enfin la
séparation, grâce à l'Église fondée par Lanz, le retour à la pureté
initiale. Lanz écrit : "La Race c'est Dieu, Dieu est la Race purifiée". Lanz
aperçoit l'analogie entre sa doctrine et le vieux mythe de Zeus qui foudroie
les Titans. C'est le mythe de Zagreus, qu'Erwin Rohde, l'ami de Nietzsche, a
si bien exposé dans son grand livre, Psyché. Zagreus avait été mis en pièces
par les Titans. Zagreus était un dieu. Les Titans représentent le principe
du mal, Zeus anéantit par sa foudre les Titans qui avaient dévoré les
membres du dieu. C'est de leurs cendres qu'est issue l'espèce humaine, dans
laquelle se trouve donc une double origine, la part divine issue de Zagreus,
et la part mauvaise issue des Titans.
Selon Lanz, la race blonde, héroïque, est l'ouvre des dieux. Les races
sombres sont l'ouvre des démons. Le Paradis, c'est l'époque originelle, le
temps où les hommes blonds aux yeux bleus peuplaient la Terre. Ils étaient
doués de facultés merveilleuses. Les héros étaient issus de la substance
divine. Le péché originel, nous l'avons vu, c'est le mélange entre la race
des héros aryens et les bêtes. Les races inférieures, les Tschandalas, sont
issues de ce mélange.
Ces races inférieures, mêlées, sont d'autant plus dangereuses qu'elles
portent en elles quelque chose de la pure race originelle. Tout ce qui est
haïssable et mauvais, écrit Lanz, provient du mélange des races. Les races
foncées sont les ennemies de Dieu. La maladie, la décadence, tout cela
procède du mélange des races. La race blonde, c'est Dieu. Selon Lanz,
l'ariosophie est la plus ancienne religion, la religion originelle. Toutes
les autres religions en procèdent. L'incarnation de Dieu signifie le mélange
de la race originelle dans les races inférieures, les races de Singes. La
Passion, la mort du Christ symbolisent cette chute. Mais sa résurrection
signifie la purification de la race humaine, la libération de la race
originelle exilée, aliénée.
Lorsque nous avons exposé, dans nos chroniques consacrées à la Gnose et aux
systèmes gnostiques, le système manichéen, nous avons rappelé que, dans ce
système, il faut distinguer deux Principes et trois Moments. Les deux
Principes, éternels, incréés l'un et l'autre, sont le Principe bon, le
Principe lumineux, spirituel, - et le Principe mauvais, la Matière. Dans un
premier temps, les deux Principes sont séparés, les deux royaumes, celui de
la Lumière et celui des Ténèbres, sont contigus, mais séparés. Le deuxième
temps est celui du mélange. Les Archontes du Royaume des Ténèbres pénètrent
dans le Royaume de Lumière. Le Prince du Royaume de Lumière émet de sa
substance un être qui est dévoré par les Archontes des Ténèbres (cf.
l'histoire de Zagreus et des Titans). L'humanité est faite à partir de ce
mélange. Le monde physique, la matière, les corps, la sexualité, tout cela
est l'ouvre du Principe mauvais. Mais nous, les hommes, nous sommes des
parcelles de la Substance divine, lumineuse, exilées, aliénées dans la
Matière mauvaise. Le troisième temps est celui de la séparation. Il faut
libérer les parcelles de la Substance divine prisonnières dans la matière
mauvaise et les faire retourner à leur origine.
On aperçoit les analogies entre le mythe manichéen et le mythe raciste
élaboré par Lanz. Dans les deux cas, au départ nous avons un état de
séparation entre ce qui est bon et ce qui est mauvais. Puis, par suite d'une
catastrophe, un mélange entre la substance divine et la matière mauvaise.
Lanz a transposé le mythe manichéen dans une mythologie raciale. Le mal, à
ses yeux, nous l'avons vu, c'est le mélange des races, le mélange de la race
bonne, originelle, divine, pure, et des races inférieures, bestiales.
L'eschatologie, c'est-à-dire la théorie portant sur la finalité ultime de
l'histoire, dans les deux cas est la même : la séparation, la pureté
retrouvée.
Pour réaliser cette ouvre de purification, Lanz a prévu un certain nombre de
mesures, en faveur de la race pure, et à rencontre des races sombres ou
inférieures. Rétablissement de la religion originelle, à savoir le culte de
la race ; privilèges et droits particuliers pour les Blonds ; organisation
de colonies, de réserves de Blonds ; polygamie légitime pour les Blonds qui
doivent engendrer, avec des femmes blondes bien entendu, le plus d'enfants
qu'ils pourront ; organisation nouvelle de l'école. "Notre religion, écrit
Lanz, doit être une religion des Héros, une religion de la race".
A rencontre des races sombres et supposées inférieures, Lanz prévoit des
mesures qui sont la castration, la stérilisation, la réduction à
l'esclavage, le travail forcé, la déportation et finalement la liquidation
directe.
Le jeune Adolf Hitler a rendu visite à Lanz en 1909. C'est Lanz lui-même qui
a raconté l'entrevue à l'auteur de l'ouvrage dont nous parlons, le
professeur Daim, lors de sa rencontre avec Lanz, en mai 1951. Hitler
achetait régulièrement la revue Ostara. Il lui manquait quelques numéros. Il
venait demander à Lanz de lui donner les exemplaires qui lui manquaient.
Hitler écrit dans Mein Kampf : "Lorsque je combats les Juifs, je combats
pour l'ouvre du Seigneur."
Lorsqu'il a découvert pour la première fois la pensée de Lanz, en lisant la
revue Ostara, Hitler était âgé d'environ 19 ans. Plus tard, en 1938, Hitler
a interdit à Lanz de continuer ses publications, Lanz est mort à Vienne en
1954. L'Ordre du Nouveau Temple existe toujours.
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[1] La Voix du Nord, 22 et 23 mars 1981.
fu2 fsr pour faire plaisir à Goret Neuneu